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Résidence
Caserne Niel – Bordeaux
2012- 2013
Restitutions :
– Darwin Caserne Niel – Bordeaux – 2013
– Été métropolitain – 2013
– Art et paysage -Artigues – 2013
– La nuit défendue – Pessac – 2013
Eclairage monumental sur le Quartier Niel
Photographies
Installation vidéo
Mousse arraché au bitume de la piscine abandonnée.
Installation vidéo – Photographies
Projection vidéo du tambour de la machine à laver : sur le linge récupéré dans la prison de la caserne
30 aout 2013 dans le cadre de Fresh Vibes / Darwin & Iboat – Bordeaux
Carde à linge à l’italienne, vêtements blanc d’Emmaus Gironde.
Installation vidéo – Photographies
Projection vidéo de la végétation vue depuis l’intérieur du bâtiment : sur les murs de parpaings fraichement posés
Installation vidéo
prison de la caserne
29 parpaing – 1 vidéoprojecteur
Je m’avance dans cet endroit abandonné, sale, avec un arbre qui pousse au milieu, et des restes de vie. On a dormi là, on a vécu là. Ces inconnus, sûrement aussi abandonnés que la maison au toit cassé, sont partis. Olivier me dit qu’un monsieur est arrivé hier avec un stock des parpaings pour murer certains bâtiments. Alors, il a construit un mur : « C’est mon premier ! ». En fait le mur a la forme d’une brique, comme celle qui était posée dans la prison face à la fenêtre qui donne sur l’immense façade du Quartier Niel. Elle était là quand il est arrivé, entourée de deux bougies, comme un autel. « Je l’ai recomposé en grand ici, et je vais projeter dessus ce que regardait peut-être la personne à travers la fenêtre. » Il fait ça, il filme le dehors depuis le dedans.
On est assis par terre, il y a des étoiles qui apparaissent dans le ciel, les grenouilles qui chantent – décidément – on bavarde pendant qu’il installe le rétroprojecteur et qu’il copie les fichiers sur l’ordinateur. Il me raconte son attention « aux accidents qui arrivent ou pas », son bonheur quand « le sens échappe un peu », le plaisir d’être là, de chercher. Ce vaste lieu en friches est son laboratoire depuis neuf mois.
La nuit est tombée doucement
21h47 : la projection commence, la lune est presque pleine. Olivier fait quelques ajustements, il prend des photos.
En silence, nous regardons sur ce mur monté au milieu de rien la façade de la Caserne – qui en réalité se trouve derrière moi – Sur l’image, elle est comme envahie de grandes herbes que le vent agite. Le vent réel continue de faire bouger la végétation réelle pendant que les herbes filmées ont des mouvements que seul le souffle de l’air peut inventer… Il me parle alors de choses que je comprends : faire, et quand ça ne marche pas faire encore, et les objets trouvés qu’il garde, avec les petites histoires qu’on se raconte dessus.
Je suis assise avec le géant, moi minuscule devant les herbes en gros plan, le vent en vrai va avec le vent du film, la soirée est délicieuse.
Par Sophie Poirier
Texte extrait de L’expérience du désordre
Juillet 2013
> http://www.oliviercrouzel.fr/du-vent-dans-les-herbes-et-le-ciel/